Cher bébé, cette nuit je ne t’aime pas trop trop

Cher bébé,

Si tu lis cette lettre, ce n’est pas parce que j’ai quitté ce monde, lève les yeux : c’est bien moi dans la cuisine en train de te faire des pâtes. Bref.
Maintenant bébé tu as dix ans, mais à l’heure où j’écris tu as 1 mois et tu es plein de vie… vraiment plein de vie… MÊME LA NUIT. Oui, il est 3 heures du matin à l’heure où coule mon encre (et mes larmes). C’est d’ailleurs un miracle d’avoir pu trouver 10mn entre deux crises de pleurs pour taper ces mots.
Bébé, tu ne dors pas, et moi non plus. Rien ne te réconforte, ni mon sein, ni les chansons de papa (certes, il aurait dû poursuivre ses cours de solfège), ni les heures passées à te porter dans mes bras.
Les questions s’entrechoquent dans ma tête : est-ce que tu as mal quelque part ? Mon lait est-il mauvais ? Est-ce que c’est simplement un trait de caractère qui s’affirme (forcément… il fallait que belle-maman entre dans l’équation) ? Mais tu ne dis rien, tu pleures.
Déjà que je ne dormais pas quand tu étais dans mon ventre (merci pour les fréquentes rave party à 5h du matin), tu agites mes nuits aussi à l’extérieur. Quand est-ce que la roue tourne, hein ? N’y a-t-il pas une loi secrète disant « celle qui morfle enceinte, ne morfle pas maman »? NON ?
Voilà bébé, j’ai bien réfléchis et ai fait le compte : tu me dois au moins 136 nuits, soit environ 3 500 heures. Payables en vacances à Hawaï ou aux Canaries, en restaurants, en devoirs bien faits (sans même que j’ai besoin de vérifier…. L’école, c’était il y a bien longtemps) et tout autre dédommagement. TU-TUT je t’entends déjà te plaindre ! Sache que je te fais une fleur, je n’ai compté que les nuits !
Ta maman qui t’aime quand même.